
Sexualité et entrepreneuriat
Je vous propose un partage sur une analogie entre notre sexualité et la façon dont on entreprend.
Ma réflexion est notamment inspirée du travail de Diana Richardson et de l'un de ses livres qui s’intitule « Slow Sex ». Elle explique que l’utilisation des contrastes permet d’amener la conscience à s’éveiller plus facilement, une approche que j’ai souvent dans ma pédagogie et qui va être utilisée tout au long de ce texte.
Diana Richardson décrit avec beaucoup de justesse que la façon dont nous faisons l’amour aujourd’hui est trop rapide, mécanique et axée sur la performance et la recherche d’orgasmes.
L’industrie du porno omniprésente est une large contributrice de cette vision avec une forte pression de la performance, de l'érection pour l’homme et de la soumission de la femme à des pratiques qui la rendent de moins en moins sensible, déconnectée de sa véritable nature.
Seul le pic (aka l’orgasme) dans une course vers la stimulation est recherché, rigidifiant chaque fois un peu plus les organes et les tissus sexuels.
Cela ne vous rappelle-t-il rien ? La quête de performance dans l’entrepreneuriat avec l’atteinte du sacro-saint chiffre d’affaires ? La pensée unique d’une façon d’entreprendre où la souffrance et l’oubli de soi au nom du business règnent en masse ? Il n’y a qu’à écouter le célèbre entrepreneur Anthony Bourbon expliquer à quel point la souffrance est un moteur dans la réussite de son activité et qu’il ne sera en paix que lorsqu'il aura atteint le milliard, avant 40 ans.
D’une certaine façon il se rapproche dans son idéologie de la porn star française Manuel Ferrara qui partage avoir couché avec plus de 7000 femmes.
Toujours plus haut, toujours plus fort. Et ce sont ces énergies qui dominent aujourd’hui le monde et l’inconscient collectif.
Mon propos n’est pas de juger ou condamner ces pratiques, chacun fait bien ce qu’il veut, au lit comme dans les affaires. Mon intention est de partager que ces façons d’être et d’agir sont créatrices de souffrances et qu’un grand nombre de personnes sont d’accord pour se soumettre à ces souffrances faute de trouver d’autres façons de faire, faute de s’autoriser à reconnaître que ces modèles ne leur conviennent pas ou plus.
Or, il existe d'autres voies.
Allons un pas plus loin.
Dans une tentative de transformation au sein de l’industrie même, le porno féminin a vu le jour : avec du consentement, des histoires, de l’émotion, de la diversité, un regard différent, plus tendre. Ici les codes sont redéfinis mais l’essence même du porno demeure : la recherche d'excitation et d'orgasme.
On pourrait le rapprocher du business coaching féminin : on redéfinit les codes, on modifie le narratif mais on reste dans le même paradigme : performance, CA, célébration-orgasme.
Petit rappel ici, je parle d’expérience : 👋🏻 11 ans de business coaching et des milliers de dollars dépensés chez les divas du secteur. Pas de jugement, simplement un constat.
On va travailler le message marketing pour qu’il soit plus doux, plus policé, raffiné, voire luxe. On va soigner l’image et le story telling, on va mélanger intuition et structure, on va parler énergie féminine et masculine, travailler pour toucher les émotions de la cible mais avec leadership et vendre avec consentement… Je viens de là, je sais de quoi je parle. C’est encore de la recherche de performance et du désir de correspondre à une certaine image de la réussite, même si c'est plus subtil.
Vous êtes encore avec moi ? Explorons alors ensemble une autre nuance.
Depuis quelques années nous voyons apparaître des "prêtresses en sexualité sacrée" qui accompagnent les femmes dans cette recherche de l’orgasme par des pratiques qui réveillent la sensualité. Les images utilisées pour soutenir ces messages sont bien souvent aguicheuses, stimulant le désir sexuel et alimentant l’inconscient collectif qui dit qu’une femme qui maitrise son plaisir sexuel est libre. En réalité, en utilisant ce type de projections elles ne font qu'intensifier leur posture d'être encore plus désirables pour un homme. L’illusion d’une fausse libération sexuelle ne fait que renforcer la cage maltraitante de la femme comme objet sexuel et de l'homme dans des obligations à tenir ce type de posture du mâle dominant.
Rapprochons maintenant ces énergies que l’on retrouve en similitude dans l’entrepreneuriat : les mentors business qui prônent la fusion avec le double quantique, la communication avec la conscience de l’entreprise et qui vendent des sauts quantiques instantanés permettant de faire des millions de chiffre d’affaires.
Chacun à leur manière, ces concepts continuent de nourrir des attentes issues de blessures profondes de dévalorisation. On vend une fausse libération grâce à des images mentales de réussite. C'est de l'imaginaire. il n’y a pas de libération des souffrances, simplement un recyclage des conditionnements et de l’idéologie de la performance.
Toutes ces dérives déroutent et dégoutent.
Que ce soit dans la sexualité, l’entrepreneuriat ou la spiritualité. De nombreuses personnes ne se retrouvent pas dans ces tendances et ces concepts. Certaines vont même jusqu’à se dire qu’elles ont un problème. Elles rejettent tout, se coupant parfois de leur intuition, de leur sensibilité et de leur vérité.
Si vous êtes dans ce cas, vous n’êtes pas le problème, bien au contraire. C’est le même narratif qui se réécrit de mille et une façons sans jamais sortir du cercle de la souffrance.
Regardons maintenant ce que Diana Richardson propose avec le sexe conscient pour sortir de cette spirale de la performance et comment son approche peut être en corrélation avec l'entrepreneuriat en résonance.
Trois grandes idées ressortent :
1/ De l’excitation à la conscience
L'excitation crée de la tension et invite à aller de plus en plus vite. Or cette intensité est ce qui nous coupe de nos ressentis profonds et de notre intuition.
En mettant de la conscience sur notre façon d'être et d'agir nous ralentissons obligatoirement. Dans ce ralentissement nous pouvons enfin percevoir la bonne action, l'excitation est beaucoup moins présente voire inexistante, les tensions s'apaisent.
Dans l'entrepreneuriat conventionnel la rapidité du passage à l'action, le challenge, les obligations et la valorisation du nombre d'échecs pour atteindre son objectif sont les corollaires de cette excitation.
> L'entrepreneuriat en résonance est un entrepreneuriat plus lent qui cultive la conscience de soi, la libération des souffrances et le processus de l'action juste.
2/ De l’objectif à l’expérience
Pour illustrer cette idée je vous partage un extrait de son livre que je trouve très parlant : "quand on commence avec cette nouvelle approche de la sexualité, souvent on croit avoir compris qu'il ne faut plus aller à l'orgasme et notre mental de bon élève se dit "l'orgasme c'est mal !" Mais ce n'est pas du tout ça. Dans le Slow Sex, il ne s'agit pas de ne plus aller à l'orgasme, mais de sortir de l'habitude, ou de l'obligation d'y aller systématiquement. L'important est quand on y va, d'y aller avec plus de conscience."
Ce mécanisme du mental est très souvent le même au sujet de l'entrepreneuriat en résonance, on pense : "si je travaille avec toi je vais perdre de l'argent et on ne parlera pas chiffre d'affaires."
> Il ne s'agit pas de ne plus gagner de l'argent, il s'agit de sortir du dialogue limitant autour du chiffre d'affaires, d'avoir une vision plus juste de l'argent et de notre capacité à le générer en apprenant à nous valoriser de manière non-égotique. C'est aussi avoir davantage conscience de soi pendant l'action, comme dans le Slow Sex. L'expérience transcende l'objectif.
3/ Du désir vers l’énergie
Le désir vient de la peur. Dans la sexualité conventionnelle la peur est très présente : peur de ne pas avoir d'orgasme, peur de perdre l'érection ou peur de perdre la relation par exemple.
Dans l'entrepreneuriat conventionnel, c'est la même chose : la peur de ne pas réussir, de ne pas gagner d'argent, de ne pas avoir de client.
Le désir est dans tous les cas orienté vers le manque et s'exprime souvent dans un mode plutôt tendu ou frénétique.
Le Slow Sex invite à revenir en soi, dans son intérieur afin de cultiver une nouvelle relation d'abord avec soi-même. Diana Richardson enseigne comment avec douceur se reconnecter d'abord à son énergie sexuelle sans s'exciter. Puis, comment établir "une connexion entre les organes génitaux permettant un échange de vitalité qui est à la source des états extatiques. Si nous cherchons à développer notre sensibilité, c'est avant tout pour devenir capables de percevoir les sensations subtiles qui résultent de la connexion entre le pénis et le vagin. Dans l'acte sexuel basé sur l'excitation et la friction, à peine la pénétration engagée, on fait des mouvements de va-et-vient avec le bassin. Le contact avec les muqueuses n'a pas le temps de s'établir qu'il est déjà interrompu. À peine connectés, on se déconnecte. On peut dire que le Slow Sex est une invitation à faire l'amour d'une façon qui permette au pénis et au vagin d'entrer en correspondance".
> À travers cet extrait du livre "Slow Sex", il aisé de faire le rapprochement avec l'entrepreneuriat en résonance qui invite dans un premier temps à se relier à soi pour ensuite mieux entrer en relation avec les personnes en correspondance (clients, communautés, fournisseurs, équipes...).
L'énergie ressentie intérieurement par un processus de transformation des peurs permet de mieux se relier à soi et ensuite aux autres afin de créer des relations saines, sereines, durables et riches.
Ainsi, nous ne réécrivons pas les codes. Nous créons un autre monde qui se libère progressivement des désirs, des attachements et donc des souffrances.
La libération des souffrances est un chemin, il n’y a pas d’injonction à travailler sur soi, pas d'urgence à libérer quoique ce soit ; on œuvre sur une maltraitance ressentie à la fois. Un pas lumineux après l'autre.
Pour conclure, je rappelle une nouvelle fois ici qu'il ne s'agit pas de ne plus avoir d'orgasme ou de ne plus gagner d'argent avec son entreprise. Simplement un partage d'une autre vision : il est possible d'avoir un orgasme sans s'exciter ou être dans la performance comme il est possible d'avoir de beaux chiffres d'affaires sans se maltraiter ou s'obliger.
Un choix différent.
Une présence différente qui amène à une conscience différente.
En espérant que cette analogie avec la sexualité consciente puisse être une source d'inspiration et un point de repère pour les entrepreneur.euses qui souhaitent véritablement avancer sur la voie de la résonance entrepreneuriale.
Le premier pas sera toujours de respirer et ralentir.